FB Procédés fête ses 30 ans! – Guillaume Dupré

Sep 24, 2021

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Depuis maintenant six ans, Guillaume Dupré a pris la succession de son père à la tête de FB Procédés. Une passation de pouvoir qui, si j’ose dire, s’est parfaitement déroulée, avec le soutien de l’ensemble des collaborateurs. Malgré un profil complètement différent à celui de son prédécesseur, Guillaume a su insuffler une nouvelle dynamique, moderniser la société, tout en conservant le cap fixé depuis de longues années. Il revient avec nous sur ses premiers souvenirs, son arrivée chez FB Procédés et les challenges qui nous attendent.

 

Bonjour Guillaume. Tu avais 7 ans lorsque FB a été reprise par ton père Patrick. Tu as donc grandi en même temps que la société. Quels souvenirs en gardes-tu ?

Immédiatement il y a 3 souvenirs qui me viennent à l’esprit.

Le premier souvenir est celui de moi et mes 2 sœurs à remplir des pochettes transparentes avec de la documentation commerciale. Comme mes parents étaient séparés, j’allais chez mon père un weekend sur deux, et comme Patrick travaillait aussi le samedi et le dimanche, il nous emmenait au bureau avec lui. A l’époque, l’entreprise n’avait pas les moyens de faire imprimer des brochures, donc c’était le système D. Je prenais ça comme un jeu et la rémunération était excellente : un repas au McDo !

Mon deuxième souvenir est d’aller chez Mart’Inox câbler des dégrilleurs, j’avais peut-être 12 ans. Je n’avais aucune idée de ce à quoi servait un dégrilleur, et j’étais très impressionné par l’atelier de chaudronnerie et tous les grands gaillards en bleu de travail qui y travaillaient. Pour un « petit gars de la ville » comme moi, c’était un monde totalement nouveau. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Pascal Dollet, l’actuel responsable de nos ateliers. Si on m’avait dit ce jour-là que je serai 20 ans plus tard son dirigeant, je crois que j’aurais cru à une bonne blague !

Mon troisième souvenir, c’est à nouveau chez Mart’Inox avec mon père. Il fallait câbler et tester un dégrilleur en urgence. Je m’en souviens car c’était un samedi soir, il faisait nuit noire, et Claude Martin (le propriétaire) nous avait ouvert l’atelier pour qu’on puisse câbler de nuit afin que le dégrilleur parte à temps. Ce n’est pas forcément un bon souvenir car, enfant, cela ne m’enchantait guère de rester jusqu’à minuit dans un atelier de chaudronnerie vide. Mais avec du recul, je crois que la force d’FB Procédés est faite de ces histoires, de ces personnes comme mon père qui n’ont pas compté leurs heures pour satisfaire une commande. C’est très formateur et ça impose beaucoup d’humilité.

 

Plus tard, qu’est-ce qui t’a incité à prendre la suite ?

Ce n’était pas écrit, ça a toujours été dans un coin de ma tête, mais ce n’était pas une finalité. Je souhaitais d’abord faire mes propres expériences et surtout, je souhaitais prendre la suite uniquement si j’avais quelque chose à apporter à l’entreprise. Pendant ses 20 premières années, FB était une entreprise surtout faite de techniciens et la France était pratiquement son seul marché. Comme j’avais un profil plutôt orienté gestion et surtout comme je travaillais à l’étranger, l’entreprise n’avait pas besoin d’un profil comme le mien. J’ai dit à mon père : « Le jour où vous vous développerez à l’export, je réfléchirai sérieusement ». C’est ce qui s’est passé, l’export est devenu un axe stratégique de développement et j’ai décidé de relever le défi.

 

Au moment du choix, quels étaient tes doutes ?

Je vivais en Asie au moment du choix de prendre la suite. J’avais une vie établie là-bas, un travail qui me plaisait beaucoup et donc naturellement revenir en France était une décision importante. Est-ce que j’allais réussir à me réadapter à la vie en France ? Etais-je prêt à tourner la page d’une vie à l’étranger ?

D’un point de vue professionnel, j’avais le complexe assez commun du « fils du patron » : est-ce que les salariés allaient m’accepter ? Comment être légitime ? Comment diriger des gens qui y travaillent depuis 20 ans et qui ont pour certains 30 ans de plus que moi ? Le déclic m’est venu des salariés, lorsqu’ils ont dit qu’ils seraient rassurés si l’entreprise était reprise par le fils de Patrick, assurant ainsi une continuité et une sécurité pour leur avenir. C’est un fait, les entreprises familiales sont statistiquement plus pérennes, les enfants ayant à cœur de faire perdurer ce que leurs parents ont entrepris. Comme je voulais venir et que les salariés voulaient que je vienne, il n’y avait plus qu’à ! Je remercie d’ailleurs toute l’équipe qui m’a toujours fait confiance car reprendre une entreprise est un défi et, sans leur soutien indéfectible, cela aurait été impossible.

 

Tu diriges la société depuis 2015. Quelle était ta vision au départ ? Et est-ce que l’évolution de la société correspond à tes attentes initiales ?

FB à mon arrivée était une société qui fonctionnait bien et dont tous les membres de l’équipe étaient motivés et passionnés par leur métier. Nos clients nous le rendaient bien, nous remontant que nos produits étaient de qualité, fiables et que nous répondions toujours présent en cas de problème. C’est un scénario idéal quand on reprend une société car l’opérationnel est très chronophage et beaucoup de dirigeants d’entreprises n’arrivent pas à s’en extraire pour prendre le recul nécessaire.

Ma vision était alors très claire : l’entreprise était rodée sur le plan technique, opérationnelle et elle était leader sur le marché français. L’étape suivante était toute naturelle : notre technologie de dégrillage facilite grandement la vie des exploitants en apportant de vraies solutions en termes de fiabilité et de facilité d’exploitation.  Il fallait donc passer un cap dans notre organisation pour que notre technologie puisse traverser les frontières et rayonner à l’international.

Nous avons principalement fait un gros travail de structuration interne pour que les équipes puissent gagner en autonomie et s’épanouir. Quand on a la chance d’avoir des gens très compétents et passionnés par leur métier, il ne faut surtout pas les brider en faisant du micro-management, il faut au contraire les responsabiliser en leur « donnant les clés du camion ». A partir du moment où on responsabilise les gens et qu’on leur fait confiance, la dynamique vient naturellement d’eux et c’est toute l’entreprise qui s’élève.

Avec du recul, il s’en est passé des choses en 6 années ! Je suis très fier de ce que nous avons achevé et de là où nous sommes arrivés aujourd’hui. Nous avons d’ailleurs récemment franchi le cap symbolique de 5000 dégrilleurs installés dans plus de 40 pays. Au-delà des chiffres, ma plus grande satisfaction est que nous l’avons fait en préservant notre ADN de petite PME française innovante et en gardant en interne un esprit bon enfant !

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Si tu devais retenir une date, un fait depuis que tu es à la tête de l’entreprise ou depuis qu’FB existe, lequel serait-il ?

Encore quelques jours et je vous répondrai certainement que la date à retenir était le 25 Septembre 2021 où nous avons célébré en famille les 30 ans de FB ! 😊

 

Justement, en cette fin de mois, FB Procédés fête ses 30 ans. Qu’est-ce que cela t’inspire ?

Pas plus tard que cette année, nous avons interviewé M. Fernand Barré, l’inventeur de notre technologie de dégrillage, aujourd’hui âgé de 89 ans. Nous lui devons entre autres le « FB » de notre logo, ses initiales. Il nous décrivait alors son tout premier dégrilleur qui était en fait une maquette en bois avec une manivelle, qu’il transportait dans sa voiture pour la montrer aux exploitants et les convaincre de sa solution. Il en parlait comme si c’était hier.

Le jour de la fête des 30 ans, M. Fernand Barré sera présent et il sera entouré de nos 50 collaborateurs accompagnés de leurs familles, ainsi que de nombreuses personnes et partenaires qui ont participé et participent encore à la belle aventure qu’il a initiée.

Je ne pense pas qu’on puisse espérer de meilleure symbolique pour une telle occasion !

 

Selon toi, quels seront les challenges à relever dans les années à venir ?

Nous mettons un point d’honneur à concevoir et fabriquer nos produits en France. Nos produits étant principalement des produits chaudronnés en inox, j’espère que les politiques n’oublieront pas l’importance de préserver ce savoir-faire et de former des jeunes à ces beaux métiers pour que les PME comme la nôtre puissent continuer à se développer.

La question est difficile dans le contexte « Covid », alors que les pénuries de matières premières sont nombreuses et que les prix s’envolent. Le challenge immédiat est de passer ce moment délicat en espérant que les flux internationaux reviennent à une certaine normalité.

 

Depuis sa création, FB Procédés a décidé de se spécialiser sur un produit, contrairement à de nombreux confrères qui proposent une large gamme dédiée à l’assainissement. Pourquoi ce choix et quels avantages en tirez-vous ?

Ce choix a été fait par mes prédécesseurs et je suis convaincu qu’il faut continuer dans cette voie.

Pour oser la comparaison, c’est un peu comme d’aller voir un médecin généraliste ou un spécialiste. Les deux sont parfaitement capables de prescrire un traitement, mais le spécialiste qui a dédié sa vie à une pathologie sera plus à même de proposer un traitement ciblé.

Après 30 années à concevoir des dégrilleurs, il nous arrive encore très souvent de devoir « retourner à la planche à dessin » pour trouver des solutions à une problématique nouvelle. Il faut constamment apprendre et nous remettre en question.

Je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou moins bonne stratégie à décider de vendre un seul type de produits ou un large éventail de produits. C’est simplement une orientation commerciale différente.

Je reste toutefois intimement convaincu qu’on ne peut que mieux maitriser un domaine d’expertise si on y focalise toute notre énergie et nos ressources.